En Californie, la ville d’Alameda refuse d’héberger une expérience de géo-ingénierie climatique (2024)

La localité d’Alameda n’a rien du décor d’une bataille sur le changement climatique. Située sur une île de 58kilomètres carrés, limitrophe d’Oakland (Californie), cette banlieue résidentielle de 78000 habitants est surtout connue pour son ancienne base aéronavale, visible depuis San Francisco, de l’autre côté de la baie.

Sans le vouloir, et surtout sans le savoir, la municipalité vient de se trouver mêlée à une expérience touchant à l’éclaircissem*nt des nuages, l’une des technologies de géo-ingénierie solaire – très controversée – visant à faire baisser artificiellement la température de la terre. «Le premier projet de Marine Cloud Brightening en plein air aux Etats-Unis», selon l’association Friends of the Earth.

Début avril, la ville a découvert qu’elle abritait une expérience de l’université de Washington visant à éclaircir les nuages dans le but de renvoyer le rayonnement solaire vers l’espace. Les chercheurs avaient installé leur équipement sur le pont d’un ancien porte-avions ancré à Alameda et transformé en musée, le USS Hornet. On vantait l’expérience aux visiteurs comme participant d’un projet scientifique sur le changement climatique. Personne n’y avait trouvé à redire.

«Solution d’eau salée»

L’expérience, qui a commencé le 2avril, consistait à pulvériser de minuscules particules de sel marin dans l’air à l’aide d’une sorte de canon à neige pour déterminer, à terme, la taille de particules la plus susceptible de rendre les nuages plus brillants. L’expérience devait durer des mois, voire des années, avec un budget d’environ 1million de dollars (924230euros) par an, assuré par l’association SilverLining, qui fait campagne pour la géo-ingénierie.

Alertés par un article du New York Times sur le but à long terme du projet, les élus d’Alameda ont suspendu les tests et confié une étude d’impact à un groupe de consultants. Celui-ci a conclu que l’expériencene posait «aucun risque sanitaire mesurable pour la communauté environnante» ni pour les animaux, selon un rapport publié le 23mai par la directrice administrative de la mairie. «Les composants chimiques de la solution d’eau salée (qui est similaire à l’eau de mer) pulvérisée sont naturellement présents dans l’environnement», ajoute le document, en préconisant néanmoins d’installer des moniteurs pour mesurer la qualité de l’air dans les environs.

Technologie controversée

Le 4juin, la réunion du conseil municipal consacrée au projet, a duré plusieurs heures. Toute la soirée, Alameda est devenue une sorte de capitale du débat sur la géo-ingénierie solaire. «Bien que ce soit une décision locale, elle a des conséquences de grande envergure, a souligné Gary Hughes de l’organisation Hands Off Mother Earth. Une dynamique de justice climatique mondiale est en jeu.» Parmi les intervenants en ligne – scientifiques du monde entier, spécialistes du droit de l’environnement – un jeune Hondurien a demandé à la ville de maintenir l’expérience compte tenu de l’urgence climatique dans des pays comme le sien.

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