Subnautica est de retour pour vous plonger dans des abymes des plus flippants peuplés de créatures, pour qui vous aurez un air de petit déjeuner, et où vous récolterez diverses ressources afin de survivre, voir même de vous développer un petit espace cosy histoire de démêler des intrigues extra-terrestres en toute quiétude. Avec Below Zero, suite directe du premier jeu sortant ce 14 mai sur PC, Mac, Xbox, PlayStation et Switch, c'est un peu « on prend le même et on recommence ». Manque d'ambition, ou ambitions inachevées ?
Quelques années après Subnautica, nous voilà de retour sur la planète 4546B. Très littéralement d'ailleurs puisque Subnautica est sorti en 2018, et Below Zero se déroule deux ans après, ça concorde à peu près. Cette vois vous jouez une scientifique nommée Robin, débarquant avec fracas au nez et à la barbe de la méchante corporation Alterra pour faire toute la lumière sur la mort de votre soeur, Sam. Entre l'intrusion furtive et un crash inopiné, il n'est pas question d'arriver sur place avec tout le matériel nécessaire, il va falloir composer. Cependant, oui, vous avez un avatar qui cette fois est moins seule, et qui commente ses actions, etc. C'est une autre approche de la narration, qui ne plaira pas à tous les fans du premier. De notre côté, cela ne nous a pas dérangé le moins du monde, par rapport à d'autres aspects.
De Profundis
Les habitués de Subnautica ne seront pas perdus. Pour les autres, on ne saurait que trop conseiller de jouer au premier titre, même si Below Zero reste assez indépendant. Une des forces du jeu d'Unknown Worlds réside dans la narration, et c'est tout de même dommage d'avoir la moitié de l'histoire. De plus, les nouveautés sont assez limitées si on y pense : le moteur reste le même, beaucoup d'éléments d'artisanat et de survie sont identiques... L'idée est vraiment de retrouver plus d'ambiance et d'histoire dans ce cadre SF très intéressant.
C'est parti pour une séance boulot : prendre ses quartiers dans le pod de secours largué par 10m de fond, récolter métaux et ressources organiques, fabriquer ses premiers accessoires (palmes, bouteilles d'oxygène, scanneur, le seaglide, la panoplie habituelle), puis son premier véhicule, frissonner devant les bestioles bizarres ou/et pleine de dents qui vous rodent autour, construire les premières salles de sa base, explorer plus en avant, et surtout plus profond, faire de nouvelle découvertes et en profiter. Et ainsi de suite. On retrouve d'ailleurs le gameplay et le level design malin d'Unknown Worlds qui vous pousse toujours un peu à l'exploration et la prise de risque pour aller dénicher l'étape technologique suivante.
Il y a deux manières de jouer à Subnautica : soit très prudemment en posant des petites bases partout, ce qui se fait plus dans le premier jeu que dans cette suite, sauf par plaisir et non par nécessité. Ou en fonçant tête baissée pour découvrir un max de choses avant de passer à la pratique. Le scénario fait en tous cas de gros efforts pour que vous ne soyez pas perdu, Alan proposant régulièrement de nouveaux lieux à aller visiter, histoire de faire avancer l'histoire et vous aider avec des technologies aliens. Vous trouverez aussi de nombreux témoignages d'employés d'Alterra, intéressants, parfois drôles, parfois tragiques. Le ton et l'écriture du manager des opérations d'Alterra sur place est particulièrement réussi.
Polaire de rien
Below Zero propose tout de même des évolutions importantes, et toutes ne tombent pas juste. Le territoire couvert propose une grosse portion de terre, ou plutôt de glace, qui fait mentir le titre de Subnautica. Pour la parcourir, un nouveau moyen de transport, la moto des neige, fait son apparition, et c'est plutôt agréable à conduire. Si on pense que vous aurez largement moins l'utilité de construire des bases sous-marines dans Below Zero, une base annexe au dessus du niveau de la mer semble incontournable. Il est un peu difficile de se repérer dans cette zone mais on finit par en apprendre les recoins, avec d'ailleurs une partie qui abrite une bien sale bête qu'on peut voir sur la jaquette du jeu, mais on reviendra sur les dangers de Below Zero.
Sous l'eau, l'ancien Cyclope, notre sous-marin favori de Subnautica, n'est pas de retour. Il est remplacé par un appareil modulaire, nommé Seatruck, composé d'un propulseur que vous construirez en premier. Vous trouverez ensuite un module de fabrication, de stockage, de couchage, ainsi qu'un aquarium ou encore un module d'amarrage pour transporter votre PRAWN, bipède multiusage qui pour le coup ne servira pas à grand-chose dans Below Zero sauf si vous voulez construire 40 bases.
Accrochez tout cela ensemble et... vous allez vous trainer à deux à l'heure, ce qui pousse un peu à laisser tomber les modules les moins attrayants : pourquoi dormir, ça ne sert à rien à part pour la vie, on est rarement blessé, et on produit de kit de soin très facilement ? Et l'aquarium pour stocker des poissons à manger ? On a déjà des fruits à foison. Au final, avec beaucoup de flexibilité il est vrai, on assemble ce qui nous convient, laissant en arrière le reste des modules comme des mini-bases, avant l'exploration d'une zone dangereuse ou trop étroite, afin de manœuvrer rapidement avec module pilote seul. C'est agréable et pratique. En revanche, le nombre de poissons qu'on envoie dans un autre monde avec Seatruck-Kun...
Les décors ne manqueront pas de vous fournir quelques moments « wow ».
L'exploration est importante dans Subnautica, et pour Below Zero encore plus, histoire de bien repérer tous les indices visuels qui peuvent mener à une découverte. La surface que l'on peut approcher directement n'est pas aussi étalée que dans le premier jeu, mais on vous incite beaucoup plus vite à aller en profondeur, littéralement, via des failles et des conduits parfois difficiles à repérer. Observez-bien ! Les décors évoluent ainsi, pas toujours aussi stressant que dans Subnautica (ou bien on s'est habitué ?), mais ils ne manqueront pas de vous fournir quelques moments « wow ». Voir même « Wahhhhhh ».
En revanche, les effets « au secours ! » sont moins présents. On se souvient du Leviathan sans pitié qui rodait dans certaines zones autour du vaisseau écrasé de Subnautica. Ici nous avons plusieurs grosses créatures marines hargneuses que vous esquiverez assez facilement. Au pire, elles vous feront un peu de dégâts avant de s'éloigner. Un coup de soin ou de réparation et c'est terminé, vous pesterez plus contre le temps perdu à leur taper sur le museau que pour la frayeur provoquée. Et c'est malheureusem*nt pareil pour les nouveaux Léviathan des profondeurs, d'autant plus qu'il est quasiment impossible de les esquiver. Pas question de faire le mort, d'éteindre les phares, de klaxonner pour effrayer la bête. Repéré ? C'est mangé ! Enfin, mâchouillé, disons, et vous voila reparti. Dommage pour la tension des profondeurs. Les sublimes musiques de la bande originale font plus pour nous angoisser ! Ou nous apaiser au besoin...
Enfin on peste contre pas mal de petit bugs techniques, sans oublier le clipping comme on peut le voir ci-dessus avec les pieds de la base... Le moteur de Subnautica accuse son âge, pas forcément pour les graphismes car la direction artistique palie totalement à la technique pure. Mais animation et gestion des collisions se montrent encore plus à la ramasse qu'avant, ou alors on est plus intolérant quelques années après. Oui, on sait, c'est un jeu indé, une petite équipe, mais rester tout le temps coincé sur un escalier de sa base, ou à flotter dans le décor (utilisez votre PDA pour vous débloquer), ou encore se retrouver à nager dans son Seatruck. C'est agaçant.
On est tout de même bien content de retrouver Subnautica avec Below Zero pour un rab' de cette intrigante histoire SF. C'est un beau nouveau chapitre, avec une cinématique de fin épique qu'on vous recommande chaudement. Below Zero fait le taf du jeu de survie narratif comme l'a très bien fait Subnautica (avec une approche différente). En revanche, la réalisation et l'équilibrage du jeu sont bourrés de petit* défauts, qui font penser que peut-être Unknown Worlds avait de plus grandes ambitions pour cette suite. Trop d'éléments n'ont finalement pas assez d'impact sur l'ensemble du jeu, ils sont juste présents pour... Rien. Et même si la construction de base a toujours été un élément un peu plus du domaine de la customisation fun, on n'aurait pas été contre (cette fois) des missions principales ou annexes plus centrées sur cet aspect du jeu. Très rapidement dans Below Zero, on est entouré de ressources à en faire tourner la tête. Pourquoi nous balancer tout cela alors qu'on a rien à faire avec ? C'est un peu frustrant...